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Les six vertus des leaders (et comment les mettre en pratique)

L'importance de travailler sur votre caractère.

16 décembre 2016

J'entame une série d'articles sur le lien étroit entre connaissance de soi et leadership. Le fond de ces articles est le résultat des recherches d’Alexandre Havard, fondateur de l’Institut de leadership vertueux.

Cet article est le deuxième d'une série de 4 articles consacrée à la connaissance de soi qui permet de développer le leadership vertueux. Après avoir découvert les 4 tempéraments et leur influence sur notre personnalité, je vous propose de comprendre comment s'articule votre caractère par rapport à votre tempérament. Notre caractère est une prédisposition acquise par l'éducation et les habitudes. Le caractère est composé de vertus morales dont les plus importantes sont les 4 vertus cardinales (également appelées vertus fondamentales) :

  • la prudence
  • le courage
  • la maîtrise de soi ou tempérance
  • la justice

Auxquelles viennent s'ajouter deux vertus qui sont propres aux leaders selon le modèle du leadership vertueux développé par Alexandre Havard :

  • la magnanimité
  • l’humilité

Ces vertus sont des qualités acquises et développées au quotidien par la pratique, à l'inverse de notre tempérament qui est lui est inné (voir cet article). L'idée de la pratique des vertus est donc de maîtriser les faiblesses de notre tempérament tout en renforçant nos qualités naturelles pour en faire des forces stables, maîtrisées et libres. Ainsi chacun d'entre nous va devoir, en fonction de son tempérament, travailler sur différents aspects de chaque vertu.

Les vertus sont le fondement du leadership

Prudence

Pratiquer la vertu de prudence consiste à prendre la bonne décision. Elle est composée de deux éléments principaux, la délibération et la décision. Délibérer vise à saisir la réalité et les situations de façon objective. La délibération est un processus intellectuel de collecte d'information. Quelques bonnes pratiques sont nécessaires afin de délibérer correctement :

  • Choisir ses sources d'information et exercer son esprit critique.
  • Eviter la rationalisation qui consiste à faire correspondre la réalité à nos idées préconçues.
  • Eviter les préjugés qui sont le fruit de notre ignorance.
  • Délibérer en fonction du contexte.
  • Essayer de prévoir les conséquences de nos actions.
  • Demander conseil, l'objectif de la prudence n'est pas d'avoir raison ou de tout savoir mais bien de prendre la bonne décision.
  • Enfin, assumer personnellement la décision que nous prenons.

Quant à la prise de décision, elle est tournée vers l'action. Elle est précédée d'une phase de jugement qui consiste à évaluer les possibilités de la délibération. Décider consiste à choisir parmi différentes possibilité et agir en fonction de la décision. Pratiquer la vertu de prudence doit permettre de surmonter nos peurs. C'est contre-intuitif, mais il est important d'avoir à l'esprit qu'une bonne décision peut conduire à une erreur à cause de paramètres extérieurs changeants et que nous ne maîtrisons pas.

Courage

Le courage complète la vertu de prudence dans le sens où il permet de vaincre la crainte de faire des erreurs et d’exécuter les décisions contre vents et marées. Deux éléments principaux sont au cœur du courage, l'audace et l'endurance. C'est l'audace qui permet d'être créatif et de prendre des risques. L'endurance permet de tenir le cap, d'être résilient dans l'effort et patient dans l'action.

Maîtrise de soi

La vertu de maîtrise de soi, également appelé tempérance a pour objectif de diriger nos passions. Pratiquer cette vertu consiste à guider le flux de nos passions, comme les berges d'une rivière. Il faut repérer nos passions mauvaises, qui sont la source de nos mauvaises actions, et les éliminer. Il faut également repérer nos passions naturellement bonnes et en faire des forces libres et stables de notre caractère.

Ainsi, la tempérance permet de se diriger soi-même et d'établir un rapport aux autres qui soit sain et maîtrisé.

Justice

Etre juste, c'est donner à chacun son dû. La justice est communication et bien commun. L'empathie, la joie, l'amitié ou la miséricorde sont des qualités qui permettent d'entrer en communication avec les autres et d'établir une relation. Celui qui pratique la justice pratique également l'amour car il traite son prochain comme un autre soi-même. Contribuer au bien commun se fait par la pratique quotidienne de la vertu de justice et par l'accomplissement de nos obligations professionnelles, sociales et familiales. C'est ainsi que nous donnons à chacun son dû.

Magnanimité

La magnanimité est la tension de l'esprit vers les grandes choses. Cette vertu est propre aux leaders qui reconnaissent leur talent et leur dignité par la contemplation. Ils sont également tournés vers l'action et la réalisation de grandes choses. Etre magnanime, c'est avoir conscience de ses qualités et de ses rêves et être en mesure de les transformer en action pour la réalisation d'objectifs élevés.

Humilité

L'humilité est la seconde vertu propre aux leaders avec la magnanimité. L'humilité est connaissance de soi et service des autres. Etre humble, c'est reconnaître notre condition humaine avec nos faiblesses et nos forces. C'est également servir les autres et faire grandir notre entourage.

Pour en savoir plus sur ces vertus, je vous invite à lire Le leadership vertueux d'Alexandre Havard. Vous pouvez également retrouver un résumé gratuit de ce livre sur la page Résumés de livres de ce site.

Comment pratiquer ces vertus ?

L'arétologie est la science des vertus qui provient du grec aretè : vertu. Les philosophes grec (Platon, Aristote) puis les romains (Cicéron, Sénèque) et certaines figures judeo-chrétienne (Augustin, Thomas d'Aquin) ont beaucoup écrit sur les vertus tout comme, plus récemment, certains écrivains (Compte-Sponville) ou auteurs en management (Pieper, P. Drucker, Covey). L'étude de cette science permet de saisir les liens étroits entre pratique des vertus et développement personnel et/ou professionnel.

Pratiquer les vertus en fonction de votre tempérament

L'essence du leadership, c'est le caractère. La pratique des vertus va affermir votre caractère qui va agir comme un couvercle sur votre tempérament, pour limiter vos défauts et renforcer vos qualités naturelles. Nous avons tous un tempérament inné différent, ce qui veut dire que nous devons développer notre caractère et orienter la pratique des vertus en fonction de notre tempérament propre.

Par exemple, une personne colérique devra être vigilante lors de la pratique de la vertu de prudence et se forcer à délibérer calmement et en demandant conseil. De façon générale, le colérique doit pratiquer l'humilité.

Une personne flegmatique doit rechercher à sortir de sa zone de confort et à prendre des risques en pratiquant l'audace (courage) et la magnanimité.

Comme le colérique, le sanguin a besoin de développer la vertu de prudence pour mieux délibérer. Mais le sanguin a plus que tout besoin d'endurance dans la pratique du courage pour stabiliser son tempérament et la pratique des autres vertus.

Le mélancolique a besoin d'audace pour oser transformer ses idées en actions et ainsi être prudent et magnanime.

Ces courtes descriptions visent à faire comprendre l'idée selon laquelle notre pratique des vertus doit être orientée selon notre tempérament. Ces propos peuvent être enrichis et illustrés par des exemples de personnalités vertueuses qui nous inspirent. Par exemple, Martin Luther King était un mélancolique (son tempérament) qui a su développer la vertu de courage et notamment l'audace pour fédérer des millions de personnes et porter les causes qu'il défendait.

Mère Teresa est également un exemple de leadership vertueux. Durant toute sa vie, elle a su concilier humilité en se mettant au service des plus pauvres, magnanimité pour que ses actions portent du fruit et inspirent d'autres personnes et courage pour continuer à agir malgré les difficultés.

La pratique quotidienne : vous êtes ce que vous faîtes habituellement

Si le leadership est une question de caractère et non une prédisposition innée, nous pouvons alors affirmer : on ne naît pas leader, on le devient. On le devient par la pratique des vertus, par la pratique quotidienne des vertus. En effet et sauf situations exceptionnelles, le leadership se développe au quotidien par la somme de petites actions qui sont des occasions de pratiquer telles ou telles vertus. Plus nous pratiquons la vertu, plus nous stabilisons notre caractère et plus il est facile de pratiquer chaque vertu à nouveau, cette pratique devenant une habitude avec le temps.

Cette pratique habituelle et quotidienne des vertus permet le développement de notre liberté. Notre caractère nous permettra ainsi de choisir librement sans que notre environnement ou des contextes passagers compromettent notre jugement. Pratiquer les vertus au quotidien, c'est être capable de dire non aux mauvais penchants de notre tempérament mais également aux sollicitations mauvaises de notre environnement extérieur.

Si le leadership est une question de caractère et non une prédisposition innée, nous pouvons alors affirmer : on ne naît pas leader, on le devient. On le devient par la pratique des vertus, par la pratique quotidienne des vertus. En effet et sauf situations exceptionnelles, le leadership se développe au quotidien par la somme de petites actions qui sont des occasions de pratiquer telles ou telles vertus. Plus nous pratiquons la vertu, plus nous stabilisons notre caractère et plus il est facile de pratiquer chaque vertu à nouveau, cette pratique devenant une habitude avec le temps.

Cette pratique habituelle et quotidienne des vertus permet le développement de notre liberté. Notre caractère nous permettra ainsi de choisir librement sans que notre environnement ou des contextes passagers compromettent notre jugement. Pratiquer les vertus au quotidien, c'est être capable de dire non aux mauvais penchants de notre tempérament mais également aux sollicitations mauvaises de notre environnement extérieur. 

Le triptyque gagnant : cœur - volonté - intelligence

Pour nous aider dans la pratique quotidienne des vertus, nous pouvons nous appuyer sur notre raison, notre volonté et notre cœur.

Trois modes d’action guidés par le cœur, la volonté et l’intelligence permettent de développer la vertu :

  1. Contempler pour percevoir la beauté intrinsèque des vertus (rôle du cœur)
  2. Agir vertueusement de manière habituelle (rôle de la volonté)
  3. Pratiquer l’ensemble des vertus simultanément grâce à la prudence  (rôle de la raison)
Si nous pratiquons les vertus en isolant l'un de ces éléments, cela aurait des effets très dommageables et contre-productifs. Le cœur, la raison et la volonté unifient notre pratique des vertus.

Découvrez les troisième et quatrième article pour compléter cette série sur la connaissance de soi et le développement du leadership :

- Influence de vos talents

- Influence de votre histoire personnelle sur l'exercice de votre leadership

 

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