Le terme « entreprise à mission » désigne les nouvelles formes de sociétés commerciales (à but lucratif) qui se définissent statutairement, en plus du but lucratif, une finalité d’ordre social ou environnemental (Source Wikipédia). Le terme a été introduit en 2015 par Kevin Levillain, chercheur à MINES Paris Tech et popularisé lors des débats autour de la loi Pacte, notamment par le rapport Notat-Senard.
Voici une seconde définition proposée par Prophil : Située au-delà du clivage entre les secteurs lucratifs et non lucratifs, une entreprise à mission met sa performance économique au service d’une mission (sociale, sociétale, environnementale ou scientifique) définie dans son objet social et opposable par ses parties prenantes.
Au-delà de ce qui pourrait être un nouveau statut juridique inscrit dans le droit des sociétés français, il me semble intéressant de comprendre les réflexions et les changements introduits par ce modèle.
L'enjeu autour des entreprises à mission est bien de transformer l'économie et le capitalisme par de la "croissance utile". La première notion introduite est que l'entreprise en tant que structure ne vise donc plus le profit comme une finalité unique et première mais la réalisation d'une mission, la résolution d'un problème, d'un défi. L'entreprise a donc la volonté, inscrite juridiquement, de contribuer à résoudre certains enjeux de société et, plus largement, de contribuer au bien commun. Le profit n'est donc plus considéré comme une fin en soi mais bien comme un moyen au service d'une mission partagée entre différentes parties prenantes (clients, fournisseurs, investisseurs, collaborateurs, ...)
Ainsi, devenir "entreprise à mission" modifie le rôle et le fonctionnement d'une organisation puisque que le rôle et la responsabilités des parties prenantes sont modifiés.
Pourquoi ce changement ?
En Europe, ce changement de paradigme semble provenir d'une pression de plus en plus forte sur les entreprises. Celles-ci sont de plus en plus critiquées et attaquées. Elles se voient octroyer des rôles et responsabilités dans la préservation des ressources et l'amélioration, au sens large, de la société. Ces champs qui étaient jusqu'à présent réservés aux politiques, acteurs publics ou associations sont désormais la prérogative des entreprises. Elles sont considérées comme des acteurs à part entière des défis environnementaux, sociaux et sociétaux.
Une forme de pression s'exerce donc sur les acteurs économiques. Par les consommateurs qui souhaitent plus de transparence sur la façon dont une entreprise fonctionne pour produire des biens ou des services. Leur impact et leur utilité seront observés et jugés. Par Les travailleurs qui recherchent également du sens dans leur quotidien et pour leur carrière. Puis en dernier ressort par les investisseurs qui, pour certains, ne regardent plus uniquement les gains financiers et souhaitent que leurs investissements servent des causes utiles.
Les entreprises à mission pourraient donc être un outil au service de la performance des entreprises missionnaires. Cela est également un outil de communication et de marketing qui pourraient apporter une forme de réconciliation entre consommateurs, travailleurs et investisseurs ou épargnants. Le capitalisme "responsable" et "missionnaire" du XXIème siècle propose une lutte de finalités qui vise le bien commun et à rendre le monde "meilleur", sans oublier les moyens de production.
Ces pressions exercées me semblent grandissantes et fortes en Europe, elles pourraient également être une forme de singularité du capitalisme européen, entre capitalisme étatique asiatique et ultra-libéralisme anglo-saxon.
Les entreprises (à mission) auraient donc vocation à résoudre des défis du monde, le rôle des entreprises devient donc politique, elles s'intéressent à la "chose publique".
Selon cette étude Prophil menée auprès de dirigeants français, l'entreprise à mission revêt plusieurs avantages :
Les dirigeants (interviewés, NDLR) reconnaissent l’attractivité du modèle de l’entreprise à mission : en matière d’innovation (69%), de notoriété (83%), de marque employeur (73%) et de capacité à répondre aux attentes de la société (69%). En plaçant la cohérence, la sincérité et la transparence au cœur de son processus de création collective, l’entreprise à mission dépasse ainsi l’approche discrétionnaire des politiques RSE. Ce modèle d’engagement collectif permet de répondre efficacement, et sans opportunisme, aux attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles à l’intégrité des produits et services, et des salariés, en quête de sens dans leur parcours professionnel.
Les 5 critères pour devenir une entreprise à mission
Cette même étude dénombre cinq éléments essentiels pour définir un entreprise à mission :
- L'engagement à produire un impact sociétal
- La formalisation d'une mission spécifique et précise
- La cohérence de son modèle économique
- Partager équitablement la valeur créé au cours de cette mission
- Évaluer méticuleusement son réel effet
Source : étude Prophil
Sur le fond, pour qu'une entreprise soit "à mission", celle-ci doit remplir ces 5 critères de façon sincère et transparente.
Sur la forme, cela peut être inscrit dans les statuts de l'entreprise, juridiquement donc, comme c'est possible aux États-Unis ou en Italie par exemple. Une possibilité est également de faire réaliser un audit de son entreprise sur la base de ces 5 critères par un organisme indépendant tel que BCorp. Cet audit permet d'obtenir un label reconnu par les parties prenantes que nous avons évoquées.
Comment embarquer son équipe sur le chemin de l'entreprise à mission ?
Chez Fly The Nest, nous pensons que l'entreprise à mission est un chemin qui concerne les collaborateurs et les parties-prenantes de l'organisation. L'enjeu n'est donc pas de formaliser une raison d'être, des engagements ou encore de se doter d'un comité de mission mais bien d'engager vos collaborateurs et parties-prenantes dans la démarche. Cette démarche, en elle-même est porteuse de sens et d'engagement.
Pour en savoir plus sur la façon dont nous accompagnons nos clients sur le sujet, voici un article ainsi qu'un webinar organisé il y a peu sur le sujet :