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La liberté a du bon !

10 janvier 2017

Je trouve que ce slogan de Sodebo résonne d'une façon très particulière. Il résonne d'une façon évidente et forte avec l'exploit de Thomas Coville. Il résonne également de façon plus philosophique parce que l'arrivée de ce tour du monde coïncide avec une période particulière de l'année souvent propice à la prise de recul. Je suis un fan de voile et l'exploit sportif de Thomas Coville est évidement incroyable.

Mais ce qui m'interpelle et que je veux partager avec vous aujourd'hui ce sont les messages portés par cet exploit. Et au-delà des messages, les leçons que nous pourrions en tirer. Le premier message est qu'il faut savoir prendre du recul et contempler. Le deuxième est que les belles histoires s'écrivent à plusieurs. Le troisième est que nos rêves se réalisent grâce à notre volonté et notre résilience. Enfin, les rêves des leaders n'ont de réelles valeurs que s'ils inspirent d'autres personnes.

Prendre du recul et contempler

La période de fin d'année est un moment festif, un peu hors du temps, pendant lequel nous faisons le plein. Le plein de cadeaux, de moments d'échanges en famille et entre amis et en bons français, de bons repas. Finalement, c'est une période ou nous vivons, ce que nous oublions parfois de faire le reste de l'année trop pris par nos occupations, nous avons tendance à oublier l'essentiel et à être la tête dans le guidon.

Ce trop plein d'émotions fait du bien mais au fond, ce dont nous avons aussi surement besoin, c'est de faire le vide et  de rêver. C'est ce que nous aimons chez Thomas Coville. Coville nous fait rêver, la voile nous fait rêver et nous rêvons par caméra interposées. Et Thomas est seul, face à la grandeur de l'océan, face à la grandeur de son trimaran, face à la longueur de son tour du monde, face à la grandeur de son rêve et face à lui-même. Avant d'agir, de s'agiter, de répondre aux sollicitations et de barrer les taches quotidiennes de notre TO-Do list, nous avons besoin d'être seul et de décider du sens de que nous voulons donner à notre vie. Contrairement à Thomas Coville, notre action sera vraisemblablement collective, mais le choix de la direction de ce que nous devons et voulons faire nous appartient.

Vivons et profitons mais sachons également nous retrouver seul pour contempler et décider de la direction que nous voulons prendre. Notre énergie et notre volonté doivent être au service de notre rêve. Elles n'ont pas de valeurs pour elles-mêmes. Je rêve et je contemple avec Coville parce que j'admire l'adéquation avec laquelle il met son énergie, sa solitude au service de son rêve aussi extrême soit-il. J'adorerais en être capable. Pour que ce soit le cas, je crois que la première étape est de définir son rêve.

Choisir les acteurs de son histoire

Après avoir défini votre rêve, il faut avoir l'humilité de se dire que vous ne le réaliserez pas seul. Le tour du monde est l'exploit de Thomas Coville mais Thomas Coville n'aurait jamais fait ce tour du monde seul, sans Sodebo, sans son équipe, sans d'autres marins, sans sa préparatrice mentale. Thomas a une double chance qui je crois est nécessaire aujourd'hui en voile : avoir un sponsor, Sodebo, et avoir un partenaire fidèle. Ce n'est pas rien pour une entreprise d'attendre 18 ans avant d'avoir un exploit majeur au compteur. La patience et la résilience de Sodebo et celle de Thomas Coville sont incroyables. Les leçons que nous pouvons en tirer peuvent paraître naïves mais elles sont assez simples pourvu que l'on décide de les appliquer.

La première, c'est d'être conscient de notre histoire personnelle. Il faut avoir l'humilité de reconnaître ce que nous avons reçu et remercier ceux qui nous ont beaucoup donné. Pour réaliser votre rêve, il faut ensuite choisir "les bons sponsors". Sodebo et Coville se sont choisis pour écrire une histoire commune. Malgré ses échecs, Thomas Coville a su se remettre en question et décider de travailler avec Lynne Burney. Il a su s'entourer d'une équipe pour construire son trimaran et réaliser cette performance sportive. Il a également choisi ses sources d'inspiration et mentors, lors de précédents tour du monde en équipage mais aussi à terre. La dernière leçon est de planifier les étapes, de se mettre des jalons et des objectifs. C'est ce qu'illustre la frise ci-dessus pour Thomas Coville.

Pour réaliser de grandes choses et a fortiori nos rêves, nous devons être magnanime et choisir nos sources d'inspiration, nos mentors et les personnes qui participeront à la réalisation de notre rêve.

Coeur, volonté et intelligence au service de nos rêves

-Il y a les gens qui aimeraient bien et ceux qui veulent.

Thomas voulait. - Olivier de Kersauson

Ce qui caractérise les leaders, c'est qu'ils transforment leur rêve en actions. Au quotidien, ils utilisent leur coeur, leur volonté et leur intelligence au service de leur rêve, afin d'accomplir leur mission, ce qu'ils sont appelés à FAIRE. Comme évoqué plus haut, ce qui me fascine chez Thomas Coville, c'est que la réalisation de son rêve, de son tour du monde est rendu possible par la parfaite exécution de ce qu'il avait défini. Définir son rêve et s'entourer des bonnes personnes est nécessaire. Ce qui rend ensuite possible la réalisation d'un rêve, c'est l'exécution parfaite. Nous sommes tous impressionnés par la "big picture" : Coville à Brest levant les bras à l'arrivée de son tour du monde. Mais ceci n'est pas uniquement de la chance et du talent, c'est le fruit d'une abnégation, d'un courage et d'une résilience hors norme.

Il faut avoir conscience que les rêves se bâtissent et se réalisent dans les petites choses du quotidien qui n'ont parfois pas beaucoup de sens. Néanmoins, savoir et avoir conscience que ces taches sont au service d'un rêve qui les dépassent leur donne un sens. Même si j'ai eu la chance de visiter certains bateaux de course, dire que je réalise ce qu'a réussi Thomas Coville est faux. Nous le touchons du doigt uniquement. La vie à bord ce ces bateaux est inhumaine. Ce propos pour souligner que nous avons souvent tendance a minimiser les réussites des autres, entrepreneurs, sportifs, artistes. Je crois qu'il est important d'être conscient que le travail et le courage au quotidien ont été nécessaires et sont les moteurs des réussites. Et ensuite de tenter de l'appliquer pour nous mêmes.

Les rêves des leaders sont des sources d'inspiration

Les plus cyniques d'entre nous pourront faire la réflexion suivante : "Coville, c'est très beau mais ca n'a jamais changé le monde de faire le tour du monde sur un bateau". Justement si et encore plus dans le cas de Thomas Coville car lui-même souhaite que ce tour du monde n'existe pas que pour lui même. Avant d'argumenter, il faut avoir à l'esprit que l'une des différences entre un mégalomane et un leader est le fait que les rêves et actions des leaders inspirent les autres qui s'en servent d'exemples pour réaliser leur propres rêves. Revenons à l'utilité de ce tour du monde. Un premier point est de dire que ce tour du monde est utile en soi car, il est bon de le rappeler, c'est un moyen choisi par Sodebo pour communiquer. En le réalisant, Coville fait "son travail", ce tour du monde est donc utile - a minima - pour Sodebo. J'ai conscience que cet argument a ses limites mais il permet de déplacer le débat sur l'utilité de la communication par le sport et de la communication au sens large, ce qui est un autre débat. Deuxièmement, ce tour du monde est utile pour son aspect technique et les progrès qu'il permettra de faire dans ce domaine. Je maîtrise peu le sujet donc je n'irai pas plus loin.

Ce qui m'intéresse plus est le troisième argument qui est de dire que cet exploit est un moyen d'inspirer ceux qu'il touche. Pour illustrer ce propos, je vous propose de lire ci dessous (ou écouter ici) l'échange entre Coville et le philosophe Michel Serres.

Thomas Coville : "Vous êtes une des personnes qui depuis [...] mon adolescence, m’ont inspiré d’aller jusqu’au bout de mes rêves."

Michel Serres : "Ne changez pas les rôles, c’est moi qui vous doit l’admiration !"

Thomas Coville "Non, non, non, non. Vous avez rempli votre rôle de philosophe.
Quand une nation donne plus la parole aux sportifs qu’aux philosophes c’est qu’elle est en danger.
Moi je vous ai écouté comme philosophe, comme celui qui se permet, parce qu’il a étudié, parce qu’il est sage, de donner un sens, donner une voix - et après à ceux qui l’écoutent d’essayer de la transcrire en faits.
J’ai finalement trouvé dans le petit garçon que j’étais une voix qui était un rêve complètement fou, faire le tour du monde en solitaire en multicoque, mais c’est parti d’un monsieur qui vous dit “écoutez cette petit voix, allez jusqu'au bout de vos rêves et ce rêve-là en alimentera un autre qui en fera faire un autre, etc."

Il conclue :

Vous êtes l'un de ceux qui m'a inspiré et m'a fait aller jusqu'au bout​.

Le seul point sur lequel, je ne suis pas d'accord avec Coville est le fait qu'il faille moins lui donner la parole qu'aux philosophes. Les philosophes inspirent une nation mais aujourd'hui c'est le rôle des entrepreneurs, artistes, sportifs de prendre la parole et de montrer l'exemple pour inspirer le plus grand nombre. Je trouve que c'est d'ailleurs ce qui manque à certaines personnalités publiques. Ce manque de sens et de volonté d'inspirer. Personne n'a le monopole de l'inspiration, pour reprendre une citation connue, alors merci Thomas de nous inspirer et merci Sodebo.

La liberté a vraiment du bon !

Etre libre, c'est choisir son plan de vie et ses rêves avec ambition.

Etre libre, c'est s'entourer des bonnes personnes, choisir ses sources d'inspirations et avoir l'humilité d'admettre que nous ne réussirons pas seul.

Etre libre, c'est avoir le courage et la force d'agir au quotidien pour la réalisation de ses rêves.

Etre libre, enfin, c'est réaliser ses rêves aussi pour les autres, pour les inspirer et donner à notre tour.

Et faire tout cela, je crois que c'est vraiment bon !

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